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Les villages seniors, une alternative pour vivre vieux et autonome ? 

Publié le07-01-2019

Concept importé des États-Unis, les villages seniors se déploient en France. Tandis que les seniors affirment de plus en plus leur souhait de vieillir chez eux, ils se présentent comme une solution sécurisée favorisant l’autonomie, l’épanouissement individuel et collectif, et le confort. Comment se composent ces villages ? Où se trouvent-ils ? A qui s’adressent-ils ? Eléments de réponse.

Il ne s’agit pas de colocation entre seniors ni de résidences médicalisées ou de résidences de service onéreuses. Les villages seniors privilégient le confort d’une petite maison pour un senior vivant seul ou en couple. Ils sont aussi gages de convivialité en proposant des activités et évènements communs à ceux qui y résident, et de sécurité en cas d’accident domestique ou de problème de santé.

Ils répondent ainsi aux enjeux contemporains liés au vieillissement et aux attentes nouvelles exprimées par les séniors. « On est à une époque où les maisons de retraite accueillent quand même des personnes très vieilles, très dépendantes et dans un état de santé nécessitant des soins importants. Alors quand des personnes encore alertes et autonomes pour de nombreux gestes en entendent parler, ils s’y refusent. Et quand ils sont contraints d’y aller, ils dépriment. Le but des villages seniors c’est donc d’extraire de ces maisons des personnes qui sont autonomes car on se rend compte que ce n’est pas un endroit pour eux. Il s’agit de créer le maillon manquant entre le domicile, inadapté et/ou isolé, et la maison de retraite », explique Carole Marceau, ancienne infographiste, associée à la direction du village seniors Alice et Victor, en Bourgogne Franche-Comté.

Maisons individuelles, adaptées et sécurisées

Aussi après s’être déployés au Etats-Unis dans un premier temps, les villages seniors sont-ils en train de fleurir en France. En Rhône-Alpes, à Montbrison, un village seniors de 34 petites maisons de ville est en construction pour une livraison en 2020 par exemple. Vendues à un prix abordable (entre 125 000 et 135 000 euros), chacune d’elles sera dotée d’une terrasse et de tous les équipements nécessaires pour faciliter la vie des occupants comme des douches plates sans rebords.

Dans le département de la Loire toujours, à Montverdun, le village Seniorland a ouvert il y a deux ans. 40 logements adaptés de 40 m² chacun sont loués à partir de 1350 euros par mois. Un loyer qui comprend toutes les charges habituelles, le téléphone, internet, une assistance en cas d’urgence, des jetons pour le ménage ou de quoi se divertir comme une piscine ou un étang de pèche.

Plus au nord, en Côte d’Or, le premier village seniors Alice et Victor a ouvert en juillet 2018 à Neuilly-lès-Dijon. Là-bas, à côté de la maison de retraite privée, 21 maisons allant de 40 à 63 mètres carrés forment aujourd’hui un nouveau lieu de vie. 19 d’entre elles sont d’ores et déjà louées et occupées par des seniors en couple ou seuls. Ils déboursent entre 1100 euros (T1) et 1795 euros (T3 + jardin privatif) par mois.

Conçues de manière écologique avec une ossature bois et une isolation paille, elles sont toutes de plain pied. « Et l’intérieur est spécifiquement adapté pour les seniors. Grâce à la domotique, les cuisines sont pilotables par exemple. Au moyen de boutons avec des flèches, les résidents peuvent baisser les meubles hauts ou le plan de travail, pour faire la vaisselle assis par exemple, décrit Carole Marceau. Dans les salles d’eau, il n’y a que des douches italiennes dotées de sièges pliables et accessibles en fauteuil. Et comme dans la chambre, on y trouve des boutons d’appel malade. Ils permettent d’alerter les infirmières de la maison de retraite et d’intervenir en urgence pour appeler les secours et assurer les premiers gestes ».

Attention toutefois à ne pas confondre un village seniors avec un établissement médicalisé. Si les systèmes d’alarme permettent une prise en charge rapide et professionnelle, les soins du quotidien et autres maladies sont à la charge des habitants et assurés par des professionnels de santé extérieurs.

« Mais le système d’alerte assure une rapidité d’intervention. Certaines personnes sont même équipées de bracelets connectés qui peuvent être activés lors de chutes et là encore communiquer directement avec l’EHPAD voisin. Cela rassure tout le monde, les seniors résidents et leurs familles », poursuit Carole Marceau.

Des lieux de re-sociabilisation

A ces logements adaptés et respectant l’indépendance et l’intimité de chacun s’ajoute une multitude d’activités à pratiquer en commun. Un programme est établi tous les mois afin d’occuper les habitants tous les jours s’ils le souhaitent. Rien d’obligatoire donc. Mais tous les lundi matin, ils peuvent se rendre à l’atelier équilibre organisé dans la salle commune, au cours de renforcement musculaire le mardi, ou encore être accompagnés à la piscine deux dimanche par mois. « Nous organisons aussi régulièrement des grands repas en commun, des sorties au marché, des après-midi jeux de société et donnons accès une fois par semaine à l’espace balnéo de la maison de retraite », raconte Carole Marceau.

Autant de moments en commun gratuits, animés tour à tour par l’ergothérapeute et la maîtresse de maison de la maison de retraite voisine, une jeune animatrice certifiée ou Carole Marceau elle-même.

Et c’est une donne importante et récurrente des villages seniors : « Si on n’amène pas de la vie, cela ne marche pas. Ainsi on tend plus vers le Club Med que vers la maison de retraite », assure par ailleurs le concepteur du Village Seniorland, Pierre-Jean Rochette, dans les pages du journal Le Progrès.

L’objectif est donc de créer les conditions de rencontre entre les habitants des villages, mais aussi d’impulser une motivation pour faire des choses, partager, rire et bouger. « En vieillissant, les gens se retrouvent souvent plus seuls, isolés, et ils perdent peu à peu la motivation et l’énergie pour aller au contact des autres. Ici on fait tout pour redonner l’envie et faciliter le lien social. Et après six mois, les retours sont excellents, raconte Carole Marceau. La plupart nous disent « on est chouchoutés et on ne s’ennuie plus ». Si les villages seniors ne soignent pas au sens propre, bien pensés, ils sont des lieux qui réenchantent un peu les quotidiens, réunissent et maintiennent la vivacité d’esprit des personnes âgées et encore autonomes ».

Ces multiples atouts expliquent donc leur déploiement actuel. Malgré des loyers ou prix de vente encore inaccessibles aux retraités à bas revenus, ils sont bien plus abordables que des résidences service ou des maisons de retraite, et promettent une convivialité qui, elle, n’a pas de prix.

Usbeck&Rica

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