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Patrick Bouchitey : La meilleure façon de vieillir

Publié le17-12-2015

Sa carrière est bien remplie, mais le bonhomme ne compte pas s’arrêter là. A bientôt 70 ans, Patrick Bouchitey est un baby-boomer heureux et bien dans sa peau. Portrait.  

Jeune homme timide et harcelé dans La meilleure façon de marcher (Claude Miller) en 1976, embarqué la même année dans un road-movie en Chevrolet à parler de sexe sans détour dans Le plein de Super (Alain Cavalier), Patrick Bouchitey fleurit sur grand écran dans la jouvence et l’irrévérence. Il atteint son éternité satirique dans La vie est un long fleuve tranquille (Etienne Chatiliez, 1988) où il nous fait mourir de rire en prêtre sirupeux, exultant un légendaire Jésus reviens, entonné à la guitare électrique.

Comique sur le fil, le grand public connaît moins ses œuvres personnelles, comme Lune froide qu’il a réalisée en 1991 (d’après une nouvelle de Bukowski) et qui transgresse le tabou de la nécrophilie. Ce n’est pas sa silhouette fringante qui lui a ouvert les portes de la gloire, mais sa voix. Hors cadre, Patrick Bouchitey est devenu une superstar avec ses hilarants doublages de singes et d’éléphants dans La vie privée des animaux, à la télévision dans les années 1980 et 90.

 

L’âge de la sagesse
A 69 ans, chiffre érotique, Bouchitey « va très bien ». Il aborde l’âge de la sagesse avec un mélange d’humour et de sérénité réconfortant : « J’ai la forme, je me sens libre, j’aime la vie et les femmes. J’ai une bonne libido et plein de projets. Je me sens même mieux aujourd’hui qu’il y a trente ans. J’aime la vie, et même la mort ne me fait pas peur. Merci mon Dieu ». On s’étonne de cet hommage au divin : serait-il devenu croyant ? « Pas du tout ! Je pense même que les religions sont le mal de ce siècle et qu’il faut s’en séparer. Merci mon Dieu, c’est une façon de parler, et d’être reconnaissant ».

Jésus reviens

Serait-il devenu alors raisonnable, renonçant aux cigarettes pour les nourritures terrestres certifiées bio et un footing quotidien ?  « Non plus. No sport, comme disait Churchill ! Je fume en faisant attention, et je prends garde de ne pas prendre trop de poids, surtout quand je suis en préparation d’un projet artistique, comme c’est le cas en ce moment. Mais je ne peux vous en dire plus, désolé. Vous le saurez assez tôt… ».
Nomade dans l’âme, Patrick Bouchitey partage son temps entre Paris et l’Espagne. « Je suis indépendant financièrement et affectivement. Résultat, je n’ai besoin de personne en Harley Davidson ! ».

Vie privée des animaux

Considéré comme un artiste éclectique, mais aussi subversif, l’insolence peut-elle perdurer avec les années ? Acteur rocker dans les années 1970, peut-on être encore perturbateur à l’aube de ses propres seventies ? « Je l’espère. Peut-être même plus qu’avant. J’ai la chance de ne pas avoir à me poser de questions matérielles, grâce aux animaux : cela me laisse la liberté de faire ce que je veux, de creuser mon sillon ». Au-delà de son passé et son empreinte libertaire, l’humaniste porte un regard empathique sur les jeunes générations : « Il me semble que c’est très difficile pour eux. L’argent a pris le dessus. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Les médias et la télé les ont rendus paranos. A mon avis, les jeunes doivent se préparer aux grosses emmerdes : crise écologique, crise économique… les temps à venir s’annoncent périlleux ».
Néanmoins, s’il avait vingt ans aujourd’hui, ses ambitions seraient inchangées, les mêmes qu’avant, « je chercherais à être créatif, à devenir un artiste ».

Et, comme l’animal refuse de finir sur une note négative, le voici qui conclut en adressant à ces nouvelles générations un message d’espoir, comme un écho de guitare familier… « Quoi qu’il se passe, restez positifs ! La vie n’est pas toujours facile, mais on a toujours le choix. Dieu merci ».

On ne peut alors s’empêcher de remercier Patrick Bouchitey pour cette lumière au bout du chemin, et d’entonner en secret :

« Quand il reviendra, il fera grand jour
Pour fêter celui qui inventa l’amour »…

Usbek & Rica

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