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La retraite, cette seconde vie professionnelle

Publié le29-10-2015

Création d’entreprises, activités de consulting ou petits boulots… le mythe du retraité confortablement installé devant sa télévision ou sur sa chaise de jardin est en passe de s’effondrer. Depuis quelques années en effet, ils sont de plus en plus nombreux à s’offrir une seconde vie professionnelle. Enquête sur un marché du travail en plein essor.

Il attendait avec impatience son premier jour de travail. Michel a 65 ans et cet été, il s’est dégoté un job de gardien de camping dans le sud de la France. « Je ne veux pas m’enfermer dans le ghetto du retraité qui attend la mort, je dois en profiter ». Je suis suffisamment en forme physiquement et mentalement, on a qu’une seule vie, expliquait-il la veille de son départ, aux caméras de France 2.
Comme Michel, ils sont aujourd’hui plus de 500 000 en France à cumuler statut de retraité et activité salariée ou RSI. Un chiffre en très forte augmentation puisqu’ils n’étaient « que » 350 000 fin 2013.
Preuve de cet engouement pour le travail après la retraite : la multiplication des sites Internet qui proposent aux seniors de trouver un emploi ou de rendre différents types de services à des particuliers. Parmi les plus connus, Seniors à votre service ou Bitwiin.com : « Il y a quelques années encore, ce n’était pas facile de dire à son entourage : je suis à la retraite, je vais retravailler. On avait tendance à associer ce phénomène à une forme d’échec financier. Aujourd’hui, le retraité qui travaille s’assume. Il montre qu’il a un pied dans la vie active. C’est une retraite à la carte »,  explique Bertrand Favre, le fondateur du site Bitwiin.


Arrondir ses fins de mois

Une retraite à la carte est un moyen de maintenir un certain train de vie. Car pour la plupart des retraités au travail, il s’agit avant tout de faire face à certaines contraintes financières : des petits-enfants qui poursuivent leurs études et que leurs parents ont des difficultés à aider, un père ou une mère encore vivant et dépendant, ou tout simplement un différentiel trop important entre la rémunération qu’ils percevaient lorsqu’ils étaient en activité et leur pension de retraite. C’est particulièrement vrai pour les femmes. En effet, ces dernières ont souvent eu des carrières plus morcelées avec des congés maternité à répétition, et donc des retraites plus faibles (hors réversion, elles touchent en moyenne 58% de la retraite des hommes).


Le plaisir de travailler

Bien sûr, il y aussi une véritable dimension « plaisir » dans le fait de travailler : le sentiment d’être encore utile à quelque chose, les contacts sociaux, la certitude que conserver une activité permet d’entretenir sa forme et parfois aussi le plaisir de continuer un métier que l’on aime et dans lequel on excelle à force d’années d’expérience.
Dans ce dernier cas de figure, l’idéal pour beaucoup est de créer sa propre micro-entreprise : « La création du statut d’auto-entrepreneur a beaucoup favorisé la reprise d’activité », estime Frédérique Garlot, chargée de communication à la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse. Ainsi le plombier va continuer à faire quelques travaux ponctuels de plomberie, le médecin pourra effectuer des actes de soins à domicile et l’ancien cuisinier pourra prendre en charge certaines missions de traiteur.
« Quand je suis parti à la retraite, j’avais 64 ans. Je me sentais encore frais et dans le coup. J’ai donc logiquement choisi une activité très proche de ma précédente profession », témoigne Hubert de Carpentier, ancien directeur de maison de retraite à Dijon et désormais consultant en maison de retraite. « Aujourd’hui encore, je n’imagine pas un seul instant abandonner cette activité, même si ma société est loin d’être très lucrative. »


Des petits jobs et du travail saisonnier

Mais c’est essentiellement de petits boulots que se compose le « marché du travail » des retraités : des gardes d’enfants, des soins aux personnes âgées, du bricolage, de la distribution de publicité et même des emplois saisonniers comme la cueillette des pommes ou du muguet. Pour certains candidats, ces jobs sont aussi l’occasion de se dessiner une nouvelle vie professionnelle. Devenir jardinier après avoir passé sa carrière dans un bureau apparaît comme une libération, un Eldorado.
Les particuliers, eux, sont généralement « friands » des seniors, à qui ils font davantage confiance qu’à toute autre tranche d’âge. « En employant des retraités, ils cherchent la maturité, l’expérience de vie, explique Valérie Gruau, la fondatrice de Seniors à votre service. Il y aussi chez les seniors une véritable volonté de bien faire, qui est rassurante pour les employeurs. »  
C’est finalement dans cette seconde vie que les seniors semblent le mieux trouver leur place sur le marché de l’emploi.

 

Usbek & Rica

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