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Mais qui donc va payer les retraites de la génération Y ?!

Publié le03-02-2016

En 2050, ces « digital natives » seront à la retraite. D’ici là, nous aurons soit sombré dans un scénario catastrophe à la 2012 de Roland Emmerich, soit enchaîné les réformes sociales cataclysmiques, soit enfin réussi à basculer dans une société post-industrielle… Est-ce que notre système de retraite survivra à tout cela ?

Dans le système français, les nouvelles générations paient les pensions de retraite de leurs aînés grâce aux cotisations prélevées sur leurs revenus d’activité. Notre système, dit de répartition, est donc très sensible à la fluctuation du ratio cotisants/retraités. Or, malheureusement, les prévisions officielles prévoient une forte dégradation de ce ratio. Il tomberait à 1,35 cotisants pour un retraité en 2050. À titre de comparaison, il était de 2,2 en 2005, ce qui n’était déjà pas brillant.

Quelles sont les options pour que la génération Y touche ses pensions de retraite ? Il faudra que les générations Z et suivantes cotisent plus et/ou plus longtemps et/ou que les pensions soient en moyenne plus faibles que celles des retraités actuels et/ou qu’ils meurent en moyenne plus vite que prévu.

L’équation s’annonce donc compliquée, d’autant que plusieurs études et analyses, notamment autour de l’économie numérique, prévoient que le chômage bondisse sous l’effet conjugué, entre autres, de l’automatisation croissante du travail et du développement de l’économie collaborative. Lire pour s’en faire une idée le dernier rapport du Conseil national du numérique !

Bref, il va peut-être falloir envisager autre chose…


La retraite par capitalisation ?
Il s’agit des fonds de pension, de l’épargne-retraite, etc. Avec ce dispositif, chacun met de côté pour sa propre retraite. Rien à faire de la solidarité entre générations ou d’une éventuelle catastrophe économique qui verrait toutes ces précieuses économies fondre comme chocolat au soleil. Pour information, la France fonctionnait avec ce système avant la deuxième guerre mondiale et la guerre ayant fait chuter la valeur de l’épargne, les retraités se sont retrouvés ruinés. Le Conseil National de la Résistance a alors défini un système plus solidaire et plus solide, celui de la retraite par répartition…

 

L’abolition de la retraite ?
Aux grands maux, les grands remèdes : plus d’emploi, plus de chômage, plus de retraite. Comment pourrions-nous en arriver là ?

Selon l’observatoire indépendant des inégalités, en 2002, les 10 % les plus riches avaient un revenu six fois supérieur aux 10 % les plus pauvres. Dix ans plus tard, il est 7,2 fois plus important. Pendant la crise, entre 2008 et 2012, en considérant la masse globale des revenus en France, les 10 % les plus pauvres ont perdu deux milliards d’euros, alors que les 10 % les plus riches se sont enrichis de près de 11 milliards. En 2013, la France comptait alors plus de huit millions de pauvres (sur la base du seuil de pauvreté à 60% du revenu médian).

Il semblerait que l’emploi, ce moteur de répartition des richesses hérité de la révolution industrielle, soit tombé en panne. C’est tout au moins ce qu’avancent des économistes comme Daniel Cohen, ou des philosophes comme Bernard Stiegler. Ils annoncent carrément la fin du salariat comme modèle dominant, ce qui s’avère très problématique, étant donné qu’il s’agit là du pilier central de notre système de retraite.

En outre, le schéma de vie « études, travail, retraite » est en train d’éclater. Nous semblons tendre vers une plus grande liberté d’activité et une plus grande souplesse des temps d’activité, vers une vie professionnelle non linéaire, des situations de pluri-activités, de cumul de statuts, mais aussi vers une plus grande précarité. Plusieurs chercheurs réfléchissent alors à une refondation des mécanismes de solidarité, évoquant par exemple une « assurance revenu » au lieu d’une assurance chômage, d’une intermittence du travail sur le modèle de l’intermittence du spectacle, etc. Le compte personnel d’activité s’inscrit dans le sens de cette évolution du travail.

D’autres, comme l’économiste et sociologue Antonio Casilli, attirent notre attention sur le fait que nous travaillons de plus en plus gratuitement, notamment sur Internet (données personnelles, partage de contenu, notation…), alors que le fruit de tout ce travail de fourmi accumulé représente une grande valeur pour certaines entreprises du numérique (Google, Facebook, Uber…) ou plus traditionnelles (les banques, les commerces…), voire même pour l’Etat (déclaration et paiement en ligne des impôts et taxes par exemple).

Bref, plus ça va, plus on travaille et moins on est payé pour le faire. Forcément, dans ces conditions, le comptage des points de retraites semble un tantinet décalé.

 

L’idée du (XXIe) siècle : un revenu pour toute la vie
C’est alors une vieille idée qui date du XVIIIe siècle qui refait surface : il s’agit de verser un revenu de base à chaque citoyen, de sa naissance à sa mort, et ce de façon inconditionnelle. Une sorte de répartition des richesses forfaitisée et par anticipation.

S’il est mis en place dans une logique de progression sociale, ce revenu universel pourrait agir comme une assurance revenu, pas uniquement à la retraite, mais tout au long de la vie. Dans le futur, les périodes d’études, d’activité et de retraite ne seront plus forcément consécutives et exclusives les unes des autres, elles s’entremêleront dans le temps et se superposeront. Nous pourrions alors choisir réellement ce que nous voulons faire de notre vie et décider de notre propre rythme.
« Et c’est ainsi que le revenu universel fit disparaître le concept de la retraite… »

Usbek & Rica 

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