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Où fait-il bon vieillir ?

Publié le20-11-2015

Solidarité intergénérationnelle, place des aînés dans la société… les pays du Sud et d’Orient sont réputés pour le respect et les soins qu’ils prodiguent à leurs anciens. Mais les vieux sont-ils vraiment mieux traités qu’ailleurs ? Où fait-il bon vieillir ? Tour du monde du bonheur des seniors.


Afrique : les gardiens de la mémoire

« En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » Il y a 30 ans l’écrivain Amadou Hampaté Bâ résumait ainsi la place des anciens sur le continent africain. Dans une société imprégnée de tradition orale, le « vieux » occupe la prestigieuse place de gardien de la mémoire, celui qui connaît – et relaie – l’histoire, les mythes, les légendes et les proverbes de son peuple.
Souvent considérés comme indispensables à la vie de la communauté, les seniors sont ainsi respectés, parfois même idolâtrés. Et, au-delà de la solidarité familiale, c’est tout le village qui veille à leur confort et leur bien-être. Un modèle d’intégration idéal, donc, pour les personnes âgées, mais qui tend malheureusement à s’effriter : « L’évolution des sociétés africaines conduit les jeunes générations à s’émanciper de la tutelle des aînés, s’inquiètent les chercheurs de l’INED dans une étude menée en 2012 sur la place des seniors en Afrique. Cette évolution remet parfois en cause les solidarités intergénérationnelles constitutives du contrat social, au détriment des plus âgés. »
Le développement de l’école, les révolutions technologiques, l’explosion de l’information… la modernité est en passe de voler leur place aux anciens.
Et ils pourraient se retrouver extrêmement isolés dans des pays parfois totalement dénués de système public de prise en charge pour les plus âgés.


Asie : la solidarité inscrite dans les textes de lois

À l’image de l’Afrique, les peuples asiatiques sont culturellement tournés vers leurs aïeux, censés détenir sagesse et connaissance. En plus de la simple coutume, le respect et le devoir d’assistance envers les personnes âgées sont généralement inscrits dans les textes de lois. C’est notamment le cas en Chine, où le code pénal impose aux enfants de subvenir aux besoins de leurs parents jusqu’à leur mort. Problème aujourd’hui : avec la politique de l’enfant unique imposée par Mao en 1979, les ménages rencontrent souvent de grosses difficultés pour prendre financièrement en charge leurs parents ou même les héberger. Même si la loi a récemment été assouplie, la tendance est tenace.
L’Inde, où la population est plus jeune et plus dynamique, ne connaît pas cet écueil. Là aussi, les plus vieux bénéficient en général de la solidarité intergénérationnelle et il n’est pas rare de voir dans un même foyer enfants, parents et grands-parents cohabiter plus ou moins gaiement. Les aînés ont alors un rôle de seconds parents, chargés d’enseigner aux jeunes les codes et les cultures de leurs régions. C’est du moins le cas dans les campagnes car, comme en Afrique, la modernité n’est pas toujours une bonne nouvelle pour les seniors. Il y a quelques années, le quotidien indien Frontline consacrait déjà un reportage à leur abandon progressif : « Aujourd’hui, dans les grandes villes, les logements sont petits et ne peuvent souvent plus abriter que des familles nucléaires. Dans ce contexte d’urbanisation effrénée et de développement capitaliste, les personnes âgées, même si elles ont des enfants bienveillants, doivent subvenir seules à leurs besoins, alors qu’elles n’en ont ni les moyens ni l’énergie. »  L’article 25 du code pénal indien oblige bien les citoyens à s’occuper de leurs parents. « Mais il est impensable dans notre pays de poursuivre en justice ses propres enfants », se désole le quotidien indien.


Europe : les champions de l’autonomie

Parmi les dix pays où les seniors sont les plus heureux, neuf sont européens. C’est en tout cas ce qui ressort de l’indice Global Age Watch 2014, qui classe les pays en fonction du bien-être économique et social des personnes âgées.
Le secret des Européens : des systèmes de santé et de retraite efficaces, qui permettent aux seniors de rester autonomes le plus longtemps possible et de bien vieillir.
Au Danemark par exemple, tout est fait pour retarder au maximum leur entrée dans les maisons de retraite, intégralement financées par les deniers publics et jugées trop onéreuses. Résultat : un aménagement urbain prévu pour faciliter la circulation des fauteuils roulants et des tricycles électriques jusqu’au centre des villes, des aides à domicile gratuites, des politiques sportives spécifiquement destinées aux personnes âgées et même des ateliers de réminiscence lors desquels les participants sont invités à raconter leurs souvenirs d’enfance, une stimulation intellectuelle qui améliorerait l’état de santé général. Même chose pour l’Allemagne et la Suède, où il n’est pas rare de voir des nonagénaires vivre seuls et heureux dans leur propre maison.
La France, quant à elle, ne se classe qu’au 18ème rang mondial. La faute à ses mauvais résultats en termes d’emploi des seniors et d’espérance de vie en bonne santé.
Alors non, les personnes âgées ne sont pas forcément plus heureuses dans les pays du Sud, mais pour ce qui concerne les seniors français, il se pourrait bien que le bonheur se trouve en effet… ailleurs.

 

Usbek & Rica

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